L’énergie de la colère

Elle monte, aujourd’hui je la sens, elle vient habiter tout mon corps. Ne pas l’éteindre, oser la sentir, être avec. Oui, je suis en colère. Comme une vague qui viens remuer l’océan, comme une vague intérieure qui remue et bouleverse mon corps de silence. Elle dormait, survivait dans mon corps et attendait la première occasion pour surgir.

J’ai pourtant pendant très longtemps été sidérée par la colère. Celle des autres qui me faisait peur car très souvent mélangé avec de la violence. Enfant, j’ai silencieusement appris que la colère ne peut pas s’exprimer, sous peine de passer pour une capricieuse ou pire une hystérique. Je vous partage cela mais je n’avais même pas conscience de la colère qui m’habitait, me traversait, avant de commencer mon exploration intérieure. Qu’est ce que j’en faisait ? sous le tapis, je la retournais contre moi, car cette énergie, il faut bien en faire quelque chose. Je me suis consumer petit à petit, ressentiment, culpabilité. Ça c’était avant!

La colère saine

Je vous parle ici de la colère liée au sentiment d’injustice qu’éprouve un enfant, de la réaction qu’il peut avoir face à la déconsidération, face à la maltraitance ou même à l’opposé dans le surinvestissement de ses parents qui l’emprisonne et empêche son autonomie. Dans le silence de la colère, dans sa non expression, se dévoile le sens profond de la colère : – avoir, vouloir sa place. -refuser l’abus, l’intrusion -se défendre, faire respecter ses limites.

L’énergie de la colère permet une détermination libératrice, elle permet la séparation, elle fait sentir ce qui abuse, ce qui abîme, ce qui restreint, ce qui enferme et elle nous invite à l’affirmation.

Dans mes accompagnements, je retrouve maintes stratégies qui se dévoilent pour ne pas l’habiter, la vivre pleinement: le jugement, les il ne faut pas, je ne dois pas, la peur de la violence… Car oui, malheureusement elle est très souvent confondue avec la violence.

La peur du conflit

Combien d’adultes aujourd’hui se trouvent complètement paniqué à l’idée même de vivre un conflit? En couple, au travail, tout est prétexte à en faire toujours plus pour éviter d’une manière ou d’une autre le conflit.

La psychanalyste, Alice Miller, met en lumière combien l’incapacité à s’irriter contre les autres, pour soi, et notamment ses parents, est une raison importante de la dépression. L’impossibilité pour l’enfant, l’adolescent d’assumer une colère tient à une dépendance affective, juridique et sociale.

La colère rentrée donne lieu à de fausses paix, à des angoisses inexpliquées, à de la culpabilité maladive, à des silences éloquents et pesants, à des différents qui ressortiront tôt ou tard de manière plus sévère et destructrice que la colère d’origine. Nous devenons mal à l’aise, irritable pour rien…

L’énergie de la colère nous invite à mettre de la conscience, à sortir du fantasme du moi idéal car en réalité un moi gentil est souvent un moi soumis à l’appréciation d’autrui. Inassumée elle risque de se décharger contre la mauvaise personne, au mauvais moment…

Source d’élan vital

Et si on apprenait à sentir la colère, à tolérer la charge énergétique de la colère pour intégrer la puissance, la force qu’elle nous transmet pour arriver à se défendre, à se protéger? La proposition est différente, nouvelle. Ne pas crier sur l’autre, ne pas la retourner contre soi, mais s’ouvrir à l’énergie de la colère, à sa dimension dynamique et utiliser son potentiel énergétique au service de notre élan vital.

Vous ne choisissez pas d’être en colère, la colère surgit comme la vague dans l’océan. La colère est comme le voyant du tableau de bord qui vous alerte sur ce qui est en train de se passer, qu’il y a quelque chose qui n’est pas juste, pas à sa place…Elle est l’indice que votre positionnement n’est pas optimal. La colère nous montre ce qui nous blesse et révèle ce qu’inconsciemment nous savons tous : nous avons droit à la sécurité, au respect et à l’altérité, elle est donc l’affirmation de la justice.

Notre société toute entière depuis notre plus jeune enfance nous conditionne à ne pas l’exprimer. Lorsque la jeunesse se rebelle, on l’exhorte bien souvent à honorer des valeurs sacrificielles, sens de la patrie des anciens. La religion catholique l’a érigé en péché capitaux, manière comme une autre de contrôler les foules. Notre société, la religion nous plongent dans une pensée binaire, bien, mal. Hors, Il n’y a pas d’émotion négative, contrairement à ce que l’on nous a inculqué.

La colère, comme toute émotion, est sensation, mouvement, énergie, elle nous invite à passer à l’action. C’est tout notre métabolisme psycho-biologique qui s’active pour se mettre en mouvement. A la lumière de ce que vous vivez, l’expression de la colère est un moyen de refuser de vous cantonner dans un territoire ou l’on voudrait vous mettre.

Source d’amour

Adulte aujourd’hui, nous avons la capacité physique et psychique de l’accueillir, de tolérer la force de son intensité, de laisser les sensations nous habiter.

 Si nous la permettons, la ressentons, elle nous revitalise et nous pouvons laisser cette force nous traverser, nous allons intégrer une puissance ancrée et incarnée qui va nous permettre, nous inviter à communiquer en affirmant notre point de vue, notre intégrité.

Comme la vague pour l’océan, la colère est n’est ni bonne, ni mauvaise, elle Est.

La colère exprimée est preuve d’espoir et d’estime. La colère entendue est preuve de l’accueil de l’autre. La colère reconnu, accepté est parfois le meilleur moyen de retrouver de la joie. C’est de l’élan vital à porter de mains.

La colère au lieu d’être une catastrophe , c’est une opportunité, elle me dit que je n’ai pas été suffisamment vigilant à faire respecter mon espace, elle invite à un discours qui me permet un nouveau positionnement. Elle est l’expression d’une part de nous même qui souhaite un changement . La reconnaître en soi est une nouvelle issue.
La voir, la sentir, la reconnaître, la laisser être,  la laisser exister.
Elle s’active, remue pour défendre un système verrouillé, elle bouillonne , elle est feu, elle nettoie. Ce qui en résulte souvent c’est un choix, un passage à l’action, une communication claire et affirmée.

Aujourd’hui en tant qu’adulte il est de notre responsabilité de nous protéger, de nous estimer et de reconnaître que oui nous avons notre place dans ce monde. Alors comme le dit Sophie Galabru: ” Faisons de la place à qui nous sommes! Nous sommes qui nous sommes, nous ne sommes pas ce qu’on nous dit que nous sommes (parents, amis, société…). Tous unique avec nos spécificités.”

Je dirai qu’aujourd’hui je comprends que sentir ma colère, la mettre au service de mon élan vital c’est me respecter et me reconnaître. Je dirai même que la colère est énergie d’amour, de protection envers moi-même car elle m’invite à défendre, à incarner qui je suis en toute authenticité et en toute autonomie. 

Dans les séances, j’ai à coeur de vous accompagner au plus près de qui vous êtes profondément, pour que vous puissiez vous connecter à la sagesse de votre corps, de vos émotions, de vos ressentis. Pour gagner en authenticité et mettre de la conscience et vous révéler. (cliquer ici!)

Si le sujet de la colère vous intéresse, je vous recommande “Le visage de nos colères” de Sophie Galabru

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